2018 à l’EARL La FUYE

 

En 2018 encore, les conditions climatiques ont malheureusement été particulièrement difficiles pour notre ferme.

 

L’hiver extrêmement pluvieux a anéanti les luzernes de nos prairies, ainsi que nos mélanges céréales/pois. Puis très tôt au printemps, il y a eu un très fort coup de chaud. Ce dernier a créé un stress  à l’herbe qui s’est mise à grainer sans avoir eu le temps de pousser. Ensuite, il a plu sans arrêt jusqu’au 10 juin retardant la récolte. Tout cela a donné une récolte de 1ère coupe de foin un peu tardive, donc faible en qualité nutritive. Puis du 10 juin ou 10 novembre, nous avons eu chaleur et sécheresse en excès, empêchant la pousse de l’herbe.  En conséquence : pas de 2ème coupe ni de 3ème coupe et pas de pâturage d’automne non plus. Les animaux ont pu profiter des champs pour se détendre et prendre le soleil, mais nous avons dû les affourrager avec le stock initialement prévu pour l’hiver à partir de juillet.

 

D'année en année, il a été de plus en plus difficile de faire une vache complète par distribution dans nos Amap. Nous avons donc régulièrement divisé nos animaux entre plusieurs groupes. Nous avons ainsi vendu moins d’animaux, ce qui a augmenté notre effectif et nous a mis en difficultés financières. Cette année, nous avons donc décidé de vendre un nombre significatif de vaches, génisses et veaux (environ 40) à un éleveur qui développe un troupeau allaitant bio. Cette dé-capitalisation va nous permettre d’assainir notre trésorerie fortement dégradée et de pallier le déficit de fourrage pour l’hiver.

 

Nos prix sont restés les mêmes depuis de nombreuses année, cependant toutes nos charges augmentent (équipements, services notamment la découpe de notre viande et les réparations de machines, etc.). De plus, les aides au maintien bio et aux prairies bio sont supprimées. Face à cette situation, nous vous demandons une augmentation de prix à partir du 1er janvier 2019, entre 2.5% et 3% selon le type colis.

 

Nous vous remercions de votre soutien et de votre implication.

Jean-Edouard, Natasha et Emilie JEAUNEAU


Visite chez Jean Edouard Jeauneau en 2015

Jean-Édouard Jeauneau entretient un cheptel de 60 vaches qui lui permet de vendre autour de 30 veaux et autant de vaches chaque année.

Les bêtes sont nourries exclusivement à l’herbe ( au foin en hiver ) et ne consomment des céréales (issues de la ferme) que sur une courte période d’engraissement.

Le troupeau est de race limousine, y compris son taureau et Jean-Édouard tend à sélectionner les éléments les plus résistants pour arriver à un élevage qui s’entretienne le plus naturellement possible.



Farine de sarrasin en 2015

Le sarrasin a été cultivé en agriculture bio à la ferme pour la première fois en 2015, sur une surface d'environ 2ha. Cette culture est intéressante car elle permet de faire une rotation avant de refaire une prairie. Elle contribue ainsi à une diversification de l'assolement des terres, essentielle à la vie du sol et à la biodiversité

Autre qualité: le sarrasin fait des fleurs au début de l'été ,jusqu'à la récolte à l'automne: c'est une plante très mellifère. Elle permet donc le développement des insectes pollinisateurs, si menacés actuellement.

 

Le sarrasin est sans gluten, il est donc une alternative au blé pour les personnes intolérantes au gluten. C'est une graine très digeste avec de nombreuses qualités nutritionnelles (protéines, fibres, antioxydants...)

 

Le séchage du sarrasin est effectué dans les deux heures qui suivent la récolte, en adaptant le séchoir à foin.

Pour le nettoyage et pour moudre le grain, ce sont les installations d'une ferme conventionnelle près d'Epernon( l'EARL du Loreau à Hanches) qui sont utilisées. Chaque trimestre environ, cette ferme nettoie entièrement son installation (utilisée également pour le blé) pour permettre le travail du sarrasin.


 

Visite de la ferme de Jean Edouard Jeauneau en mai 2008

Nous arrivons dans une superbe ferme, avec un grand espace clos par des bâtiments, habitations anciennes datant du XVIIe, hangars etc… Monsieur Jeauneau, visage ouvert et souriant, nous accueille en ces termes : « Vous êtes les 10% de nos abonnés bio, et vous serez notre porte-parole ; vous êtes chargés de transmettre l’information. Travailler avec les AMAP donne un sens à ce que nous faisons et c’est très important !

 

Comme vous le voyez, nous avons beaucoup de bâtiments dans la ferme, mais c’est difficile de les entretenir et les tenir en état, ne serait-ce que les toitures, et il y en a des mètres et des mètres carrés. Nous nous donnons beaucoup de mal pour conserver ce patrimoine. Car cette ferme fait partie du patrimoine du Perche, au même titre que le cheval Percheron...

...et nous allons commencer notre visite par lui. » Nous nous déplaçons pour arriver vers un petit manège, où se trouve la jument percheronne qui nous attend. « C’est une 5ans, sa mère est là-bas dans le champ, nous dit-il. C’est un cheval lourd, il pèse une tonne, mais il est agile. » C’est vrai elle se déplace avec une grand aisance.

« Les anciens, pensaient que le vrai percheron est le cheval de leur 20 ans, (vers 1950). Hors à cette époque, c’était le grand boom de la mécanisation, et le percheron était devenu un cheval de boucherie, un culard .

Avec les loisirs, depuis dix ans, il est élevé pour l’attelage. Pour ce faire, il nous a fallu rechercher le type génétique d’il y a 2 siècles. Et c’est aux Etats Unis qu’on le retrouve, car les percherons ont fait la Conquête de l’Ouest, et dans la région, ils ont été vendus aux américains. Alors, les étalons, viennent des Etats Unis, et cette jument aussi! Mon objectif, est d’en vendre pour les loisirs. Cette année j’en ai vendu quatre, un pour la Suisse, et trois pour l’Espagne. Le prix de revient pour l’élevage d’un tel cheval est de 4000 euros, et il est très difficile de le vendre à ce prix ! »


Maintenant, nous allons aller voir les vaches ! Nous commençons la visite par un immense hangar, très haut de plafond, où les vaches passent l’hiver de fin novembre à fin mars environ.

Elles sont gardées par classe d’âge, les jeunes, les ados, les primipares (les jeunes mères)…

Ce hangar sert aussi de réserve pour le foin de l’hiver ce qui explique sa taille …et détail important, il est ventilé, il sèche mieux et est meilleur pour les animaux. « Nous récoltons nos foins de mai à fin juin. Au printemps, elles sortent dans les prés, mais peuvent rentrer à leur guise pour manger du foin sec, si le temps est trop humide. A l’inverse, à partir de mi-juillet, si l’herbe est trop sèche elles pourront manger le fourrage mis à leur intention dans ce hangar. Elles sont libres ! En hiver, sur le couchage, on paille tous les jours, et toutes les semaines, on nettoie entièrement. En effet, en bio on fait du préventif, et la propreté est le point le plus important. (Pas d’antibiotique !...)

 

Le fumier : le fumier retiré tous les jours est mis sur une plate-forme, et sera aéré deux fois en hiver ; l’oxygène aide à la transformation du fumier en compost. À la fin de l’hiver, en mai, nous allons l’aérer une troisième fois, 2000 tonnes seront alors déplacées sur une autre plateforme, afin de provoquer une nouvelle fermentation.

C’est très important pour nous, car c’est notre seul fertilisant.

Dans une exploitation comme la nôtre, on est 100% attachés au terroir, c’est-à-dire, que rien ne vient de l’extérieur, sauf l’énergie solaire et l’énergie du sol. Pour faire un bon élevage, il nous faut du bon végétal pour alimenter notre animal. C’est le cycle normal, et nous pensons que nous pouvons le faire sans adjuvants extérieurs. Dans ce hangar, logement et garde manger sont égaux. Il nous faut un grand stock de foin pour passer l’hiver. Au 30 juin, il faut que ce hangar soit bien plein.

« A côté du fumier, un tas de copeaux de bois (BRF, bois raméal fragmenté), provenant des branches élaguées, et hachées. Nous les utilisons comme engrais, pour enrichir nos prairies, et par ailleurs, j’espère acheter une chaudière à copeaux de bois…. » Quel résultat sur les prés ? « Bon, mais il faut attendre un peu plus longtemps pour en apprécier les bienfaits. On prend conscience de la mémoire du sol, quelquefois 10 ans après. Dans les prés plus bas, des champignons présents nous montrent que le sol est en bon état

 

Quelle surface par vache ? « 0,6 hectare de pâturage et 0,6 hectare de foin, soit 1,2 hectares par vache. »

Quelle race ? « La limousine, qui vient du Limousin dans le Massif Central. » 

Pas de race originelle dans le Perche ? « Si la normande, qui est moitié laitière moitié pour la viande, mais plutôt laitière et il faut la traire ! »

 

Voilà, devant vous, un lot de vaches ado… un peu fêlées ! plaisante Monsieur Jeauneau. Nous mettons quelques vaches adultes pour leur montrer l’exemple. Pour les dresser je les rentre systématiquement le soir pour la nuit vers 20 h, et je les sors le matin vers 8 h. Ici les vaches vont construire leur vie, avec laisir, et c’est important. Vous pouvez vous approcher d’elles, vous allonger par terre, et elles se mettront en cercle et certaines viendront vous lécher....


Ici on ne garde que les femelles. Les mâles ont une espérance de vie de 6 mois. C’est le veau élevé sous la mère. Exceptionnellement nous gardons un reproducteur qui sera vendu. » Pourquoi le mâle ne serait pas bon en viande ? Pour qu’il soit bon, il faut le castrer et l’élever durant trois ans. Mais le mâle a l’avant plus développé, et les morceaux avants, en France, sont les moins recherchés en boucherie. De plus, les hormones mâles durcissent la viande. »

Un peu plus loin les vaches avec leur veau qui tètent leur mère.

Puis, l’enclos des vaches qui sont en âge d’être fécondées. « Les veaux femelles sont sevrés vers 7 à 8 mois. Et elles changeront de lot. A l’âge de 27 mois, elles seront parquées avec le reproducteur tout l’été. À l’automne une échographie sera pratiquée sur toutes les femelles pour voir l’âge des veaux à venir. Et on les classera en fonction des dates de naissances prévues. Elles nous donnent un veau par an. » La vache est refécondée lorsque son veau a 3 mois environ.

Le taureau est-il bio ? Non il n’est pas bio car c’est très difficile d’en trouver. Et notre cahier des charges l’accepte. Je change de taureau tous les trois ans, pour éviter les risques de consanguinité en saillie naturelle.

Le moment venu, nous les classons en lot de surveillance. Si le vêlage ne se passe pas bien ou s’il y a un prématuré, nous soignons la mère par homéopathie ! Pour la petite histoire, lorsque la vache met bas, si elle ne lèche pas son veau durant les deux premières heures, il est en danger, car il ne tètera pas sa mère et perdra ainsi son immunité. C’est ce geste qui est la source de reconnaissance du veau vers sa mère. Si une génisse est vide, elle est stérile ; elle ira en phase d’engraissement. Nous avons environ 5% des génisses qui sont stériles. Vers 7 à 8 ans, nous portons les vaches à la boucherie.

 

Il n’y a pas de sélection, sauf naturelle. Nous cherchons à avoir de beaux animaux, rustiques et adaptés à l’agriculture biologique, et à son environnement naturel.

Par exemple : les vaches qui passent un hiver assez mal nourries, parce que l’été précédent a été mauvais, ne seront pas fécondées, pour 50% d’entre elles.

 

 

Pour finir la visite nous avons admiré un jeune et fringant poulain, mélange de percheronne et de sang arabe.

 

En soirée, un barbecue fort sympathique, avec orchestre, a été offert à ceux qui pouvaient rester.

 

Article réalisé par Jean Marie et Émilie mai 2008